Développer sa capacité d’adaptation : la flexibilité mentale (partie 4)

Dernière partie de notre série, nous parlons ici de notre capacité à changer d’idées (ou en explorer de nouvelles) et à gérer la multitude de choses que nous avons à faire.

Nous l’avons mentionné auparavant, la flexibilité mentale est indissociable de la flexibilité émotionnelle (la capacité à réguler nos émotions) et de la flexibilité comportementale (la capacité à ajuster nos comportements et nos façons de faire).

Rien n’est plus reposant qu’une routine qui permet à notre cerveau de ne pas trop réfléchir. Lorsque nous reproduisons un geste ou une pensée, notre cerveau consomme moins d’énergie. Or, dans certaines situations professionnelles (et personnelles), nos habitudes bien ancrées ne sont pas toujours celles qui permettront de nous adapter le mieux. En effet, lorsque nous sommes en mode réflexe, routine, nous reproduisons certaines idées en fonction de notre expérience passée. Or, il arrive qu’il soit nécessaire de changer de perspectives face à une situation complètement nouvelle ou inattendue, alors que nous nous avons déjà trop de choses à gérer.

Gérer notre charge mentale et savoir lâcher-prise

Les études tendent à démontrer que malgré les croyances, il n’est pas possible d’être multitâche. En effet, notre cerveau n’est généralement pas capable sur deux choses similaires en même temps comme parler et écrire un courriel important. Notre capacité de concentration atteint ses limites : lorsque nous avons trop de choses en tête, aussi bien au niveau professionnel que personnel, et que notre vie est une to-do liste continue, il peut arriver que l’on se sente surchargé.

La charge mentale, c’est penser à tout, tout le temps, sans pause. Or nous l’avons vu dans nos précédents articles, notre cerveau a parfois besoin de pauses avant d’être capable d’inclure de nouvelles choses à faire. Plus les changements sont importants, plus l’énergie demandée va être importante. Et dans un contexte où les personnes courent déjà après leur temps et leur énergie, le moindre changement peut devenir une montagne infranchissable.

Pour gérer notre charge mentale, il est important de faire le tri entre les différentes obligations que nous avons pour minimiser l’énergie que l’on consacre à chacune et retrouver un minimum la sensation de respirer et ne pas être débordé.e.

Alors quoi faire pour commencer à lâcher-prise?

Lâcher-prise ne signifie pas qu’il faut faire comme si de rien n’était ou qu’il faut juste serrer les dents et attendre que ça passe. Nous aimons donner la définition suivante : lâcher-prise, c’est reconnaître qu’il y a quelque chose qui vous dérange, évaluer l’importance de ce quelque chose et décider en conscience ce que l’on fait avec ça. Par exemple, un de vos employés a la fâcheuse tendance de vous couper régulièrement la parole lorsque vous parlez. Dans cette situation, cela vous dérange certes. Mais vous savez aussi que ce collègue vient d’arriver et essaie de trouver sa place dans votre équipe. Vous pensez que cela va être passager. Vous préférez privilégier la bonne intégration de ce collègue et lâchez donc prise.

Voici les étapes pour lâcher-prise :

  • Identifiez votre émotion, votre besoin ou votre valeur sous-jacente (Voir l’article : https://www.ideclic.ca/articles/flexibilite-emotionnelle)

  • Posez-vous la ou les questions suivantes :

    • Qu’est-ce qui est vraiment important dans la situation actuelle?

    • Qu’est-ce que je veux vivre, comment est-ce que je veux me sentir?

    • Combien de temps et d’énergie est-ce que je souhaite consacrer à la situation ou à la personne?

  • Demandez-vous si les éléments sont sous votre contrôle ou non. Cela vous permettra de définir votre marge de manœuvre et de choisir vos combats. Attention à ne pas passer trop de temps sur les situations sur lesquelles vous n’avez pas de contrôle (ex : les actions ou les pensées des autres personnes, les décisions de votre grand patron…)

  • Posez clairement vos limites concernant votre capacité à en prendre plus et demandez à ce qu’on fasse des choix dans les priorités (voir l’article : https://www.ideclic.ca/articles/flexibilite-organisationnelle )

En faisant le tri parmi les éléments qui méritent réellement de s’y intéresser, vous vous redonnerez un peu d’espace mental.

Une autre façon de renforcer sa flexibilité mentale est d’apprendre à changer sa façon de voir une situation et à entrainer son cerveau à se faire de nouvelles idées. Nous explorerons deux idées pour permettront de stimuler votre curiosité : la pensée divergente et la capacité à comprendre une situation sous l’angle du problème avant d’entrer en mode solution.

Réfléchir à l’envers : penser au problème avant de penser à la solution

Selon une citation attribuée à Albert Einstein, “La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent”. Quand un changement se produit et qu’il faut s’y adapter, dans certains cas utiliser des méthodes qui ont fait leurs preuves par le passé est une option. Mais lorsque nous faisons face à quelque chose de complètement nouveau, reproduire ce qui a été fait ne fonctionnera pas.

Avant d’entrer en mode solution, nous vous proposons de penser à l’envers, c’est-à-dire à comprendre en profondeur ce qu’est un problème avant de proposer des solutions. Selon Hal Gregersen , il faut d’abord se poser de bonnes questions avant de réfléchir aux idées pour résoudre une situation (1).

Nous vous proposons deux outils :

  • Le questionnement puissant. Nous avons abordé cette question dans notre article Le coaching stratégique : coacher pour plus d’impact

  • La version bonifiée de limpact gaps canvas créé par l’Esplanade. Cet outil permet d’explorer en profondeur une problématique afin d'en identifier l’ampleur, les causes et les obstacles. Cela permet à une organisation de cibler les éléments sur lesquels elle a du pouvoir d’agir avant de prendre action.

Une fois que la compréhension du problème ou de la situation est approfondie, vient le temps de générer des idées, si possibles différentes de celles que l’organisation a l’habitude d’avoir,

Stimuler sa curiosité en développant sa pensée divergente

La pensée divergente est un processus ou une méthode de pensée utilisée pour produire des idées créatives en envisageant de nombreuses solutions possibles.

Havard a développé un petit simple et rapide pour évaluer la divergence de votre pensée : en anglais seulement : https://www.datcreativity.com/task.

Voici quelques idées d’activités pour développer votre pensée divergente en équipe :

Questions Inversées

  • But : Changer de perspective en inversant le problème.

  • Déroulement :

    1. Identifiez un problème à résoudre (par exemple : "Comment améliorer la satisfaction des employés ?").

    2. Reformulez le problème de manière inverse (par exemple : "Comment rendre les employés insatisfaits ?").

    3. Demandez aux participants de proposer des idées pour l’inversion.

    4. Ensuite, discutez de ce qui peut être appris en inversant ces idées pour atteindre la solution originale.

  • Résultat attendu : Les participants voient le problème sous un angle différent, ce qui stimule de nouvelles idées.

Les 6 Chapeaux de Bono

  • But : Explorer un problème sous différentes perspectives.

  • Déroulement :

    1. Présentez un problème ou une décision à prendre (par exemple : "Doit-on adopter une nouvelle technologie ?").

    2. Divisez les participants en six groupes ou demandez à chacun d’adopter successivement six "chapeaux" :

      • Chapeau blanc : Les faits, les données.

      • Chapeau rouge : Les émotions et ressentis.

      • Chapeau noir : Les risques, les obstacles.

      • Chapeau jaune : Les opportunités et avantages.

      • Chapeau vert : Les idées créatives.

      • Chapeau bleu : La synthèse et organisation.

    3. Chaque groupe ou personne explore le problème sous l’angle de leur "chapeau".

    4. Rassemblez les perspectives pour générer une vision complète du problème.

  • Résultat attendu : Une exploration structurée mais divergente qui enrichit la prise de décision.

Sources :

(1) Hal Gregersen - https://hbr.org/2018/03/better-brainstorming

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